La bourse ou la vie

Un jour, un vagabond, bondissant hors de l'ombre
Un couteau à la main, se mit sur le chemin
D'un grand chef d'état
Et, les yeux menaçants, l'haleine en deuil, cracha
Un sloggan impérieux, qui proposait un choix
La bourse ou la vie

En face, le tordu le toisait, suffisant
Une moue de mépris déformait son visage
Son visage blanc
Et ce grand chef d'état a condamné le monde
Car il n'hésita pas une seule seconde :
Garda son argent

Le voleur n'était pas n'importe quel vaurien
Mais un déguisement qui cachait le Destin.
La noire question
Avait scellé le sort du monde des humains
Enlevant ses haillons, ce dieu méchant, cruel
Dit : "Ainsi soit-il !

Dorénavant la vie sera au second plan
Les nations parleront d'économie, d'argent
De gluants gasoils
Et même les quidams seront fascinés par
Des questions de profit, de consommation
D'échelle sociale

Les gens ne verront plus à quel point sont fragiles
Leurs grands échafaudages, et combien ils sont seuls
En face du CAC
Les gens oublieront net que la courbe d'un sein
Donne un sens à la vie, sans doute plus que celle
De leurs bénéfices

Ils respireront l'Air sans s'en apercevoir
Et fouleront la Terre sans en être conscients
De leurs pas rapides
Boiront puisqu'il le faut, s'uniront par usage
Rendront leur âme molle à un Dieu si blasé
Qu'il mourra d'ennui."

Honte à qui le premier frappa un sous d'argent
Honte à ceux qui disent l'amour inexistant
Honte, mille fois
Honte à celui qui prend les fleurs pour inutiles,
A ce chef d'état qui n'a jamais rien aimé
Que sa bourse vile

Comments

[Pl(l)ume]

chapeau bas...
chantecler n'a pas perdu...la patte ;)

[Numa]

Bravo !
Attention : un "sou", sans s...

[Lúnasa]

Dieu cruel, ou juste ?

Ah quelle joie de te relire !