L'impassionné
Son lit n'est qu'un sommier dont il se lève tôt
Son thé n'est qu'un breuvage avec du sucre brun
Son pain n'est fait que de croûte et de mie mêlées
Son eau ne coule que pour lui laver des dents
Dents qui ne lui servent qu'à mâcher comme un bœuf
Sa porte ne sait que s'ouvrir et se fermer
Ses pieds ne connaissent que la course et la marche
Le vent ne lui porte que du dioxygène
La nuit n'est pour lui que le moment de dormir
Le Soleil, quant à lui, l'inverse de la Lune
Il ne voit les rues que recouvertes d'asphalte
Ne voit jamais de fée, ni d'ange, ni d'enjeu
Dans son stylo poussif, le ressort tombe en panne
Dans son cerveau blasé, l'âme s'étiole et fane
Il n'a aucun nom à se graver sur le bras
Son cœur n'a d'autre but que de pomper du sang
Le temps d'apprendre à vivre, il meurt tout doucement