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Le blog de Chantecler
1 décembre 2007

Na

Vous avez entendu parler de cette fille qui a embrassé un tableau, il y a quelque temps ? Si oui, vous ne savez sans doute pas la fin de l'histoire : les journaux n'en ont pas beaucoup parlé... Je reprends du début.

Donc ce tableau, c'était un tableau tout blanc. Un monochrome. Et il s'emmerdait ferme, accroché à son mur... Comprenez-le, il était tout blanc, et il voyait, en face de lui, de beaux paysages impressionnistes et des portraits colorés. Il était triste, le tableau, malgré tous les amateurs d'art qui venait le voir. Il n'arrivait pas à trouver un sens à sa vie : il ne représentait rien ! Il était jaloux, le tableau, et si triste d'être tout blanc. Il restait accroché là, végétant, ruminant son amertume.

Et un jour, donc, cette fille est arrivée, et l'a embrassé, laissant la marque de son rouge à lèvres sur la peinture, avant de sortir, accompagnée de deux gros bras de la sécurité.

Sa vie a été bouleversée par ce contact. Les jours suivants, il se consuma de fièvre. Il ne parvenait pas à oublier ce baiser. Où était-elle maintenant ? Pourquoi ne revenait-elle pas ?  Il voulait savoir si elle allait bien, il voulait la revoir. Son absence finit par lui devenir insupportable. Il était encore plus morose qu'à l'habitude. Mais, en même temps, il était rayonnant de fierté et bouillant de vie, car il n'était plus simplement blanc. Il exhibait la marque du rouge à lèvre de la fille comme s'il s'était agit d'une oeuvre de maître.

Alors, il était plus fier que la Joconde, mais plus triste que le Désespoir. Il ne pouvait savoir, le pauvre tableau, qu'il était tombé amoureux.

Un matin, le vigile qui faisait sa ronde dans le couloir donna l'alerte. A la place du tableau, il n'y avait plus qu'un mur vide, et du verre brisé en guise de vitrine. Le tableau avait décidé de partir retrouver sa belle, et rien n'aurait pu l'arrêter. Il avait abandonné son cadre, trop encombrant, et voyageait par la voie des airs. En tant que feuille de papier, le vent lui était clément. Pendant des heures, il survola la ville, pour la trouver, elle, la fille. En fin d'après-midi, il remarqua des journaux qui se ballaient sur un trottoir.

- Messieurs, s'il vous plaît, vous qui savez tant de choses... Je veux retrouver celle qui m'a embrassé... Savez-vous où elle est ?

Le premier journal le toisa, méprisant.

- Oh, un tableau, ma chère ! Eh bé, si les aristo commencent à v'nir nous faire chier, ça va pas continuer longtemps, moi j'te l'dis. Qu'est-ce tu lui veux, à c'te pauvre fille ?

Le tableau n'avait pas imaginé que, dans la hiérarchie des bouts de papier, il se trouvait tout en haut. Mais le deuxième journal le regardait attentivement...

- Tais-toi, chair à feu, dit-il à son collègue. T'y connais rien. Regarde, il a plus son cadre, il a plus rien, c'tableau, et toi tu le traites comme un salopard. Merde, solidarité ! En plus, l'a l'air un peu amoureux sur les bords, le gusse, ajouta-il avec un sourire.

Alors, tournant ses pages, le journal présenta au tableau la page où étaient écrit les détails de l'affaire. La fille devait comparaître le jour même au tribunal ! La peinture du tableau ne fit qu'un tour. Après avoir dit "Merci" il s'envola. Il n'entendit même pas le journal lui lancer, espiègle :

- Et jolie comme tout, avec ça. Y en a qu'ont d'la chance, hein !

Le tableau arriva au tribunal, en se glissant sous la porte. Il tombait à pic pour la plaidoirie du procureur.

"Messieurs les jurés, ne trouvez-vous pas scandaleux qu'une oeuvre d'art, patrimoine inestimable de notre civilisation, toile ô combien représentative de l'abstraction absorbante et absolue du néant, soit ainsi souillée ? Et n’est-il pas déplorable, monsieur le président, qu’une telle audace ne puisse…"

Il ne termina pas sa phrase. Le tableau, ivre de rage, s’était enroulé sur lui-même, et avait assommé le cuistre comme on écrase une sale bestiole sur un mur. Dans le silence, il s’avança vers le box de l’accusée et se déploya lentement dans les airs, montrant à la salle médusée la marque rouge qu’il portait. La fille le reconnut. C’était son tableau, il était venu, il ne l’avait pas oubliée. Elle seule comprenait ce tableau, elle seule avait su percer ce blanc dévorant. Elle lui sourit. Le tableau, fou de joie et d’amour, s’élança vers elle et se referma sur son corps dans une étreinte passionnée, sauvage. Elle, elle embrassait ce blanc magnifique, encore et encore, jusqu’à ce que…

Le tableau glissa au sol, inanimé. Les gens se levèrent doucement, et s‘approchèrent… Le tableau gisait par terre. La fille avait disparue. Elle était dans le tableau. Elle souriait. Le plus beau sourire du monde.

Le tableau fut remis à sa place le lendemain. A côté de lui, l’écriteau indiquait :

"Portrait amoureux d’une fille amoureuse."

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Commentaires
B
Alors je représente solennelement l'ethnie des cheveux moyens en lutte pour leur reconnaissance publique et la prise en compte de leur aspiration d'indépendance et d'émancipation.<br /> Quant à ce texte, il est gentil, mais un peu niais, mais sympa hein. Je crois qu'il aurait fallu mettre en avant la notion de réhabilitation du substrat égotiste par le conglomérat de post-communication en l'assaisonnant d'une touche cyberpounke et ce texte aurait valu quelque chose, autrement ce n'est qu'un paragraphe d'hérésie de plus ^^<br /> N'est ce pas?
H
Waaaaaaah... je corrige.... <br /> 3 abruti(e)s à cheveux longs<br /> <br /> Continue à écrire de belles histoires comme ça mon vladounet !!!
M
pareil, c'est si beau...<br /> bravo, et MERCI.<br /> te rends tu comptes que des gens jouissent d'extase en te lisant?<br /> <br /> enfin des gens... 2 abrutis avec les cheveux longs quoi...
L
Uiii cette histoire, je la connaissais.<br /> <br /> Aaaaah merci Manu, écris mon Ami, écris, qu'est ce que ça fait plaisir que des gens comme toi écrivent des trucs pareils, je suis tout ouïe, je bois tes paroles.<br /> <br /> Merci...
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