Doigts froids

Il y a quelquechose d'autre ici. Regarde. Tu te souviens ? C'est l'arbre des fées... On dit que ces racines sont si profondes qu'elles dépassent de l'autre côté de la Terre, quelque part dans l'océan Pacifique. Regarde son écorce. Elle bouge, elle s'agite, les noeuds du bois tournent sur eux-mêmes, les lignes se croisent et se décroisent. Vas-y, colle ta joue dessus. Profite de la chaleur humus. Endors-toi contre cet arbre, fonds-toi dans sa peau. Le vent te caresse la tête, et, dans ton sommeil, tu rentres les oreilles dans ton écharpe. Et ton nez rouge et transi. Et tes yeux gelés.
L'arbre te réchauffe. Sève qui peut. La glace fond, fond à fond. Lentement, ton visage sort de sa gangue. Tu peux faire des sourires, des grimaces pour faire rire, tu peux bouger les sourcils, les oreilles, froncer le nez, tordre les lèvres, faire de la moue, gonfler tes joues...
Regarde tes mains, dix doigts à ton service pour prendre et donner, pour serrer et frapper. Pour écrire, pour jouer. Sens l'arbre, sens le monde en-dessous, le vent au-dessus, le ciel partout. Les vers qui te grignotent déjà les orteils, les poils de tes narines qui frémissent et frissonent. Ton coeur qui bat, qui bat plus fort que toutes les explosions nuqueléaires du Soleil.

Maintenant, lève-toi. Traverse la Terre.
Va la voir, elle. Et dis-lui tout.

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[Num]

Ces explosions nuqueléaires ne manquent pas de suc !